Martin Prouvost

Jacques Broquant, un corsaire évadé d’Angleterre et échoué au Portel

Henri Malo…

A l’idée de commenter l’histoire d’un vieux loup de mer, j’imagine déjà les « Levez l’ancre ! Toutes voiles dehors ! Barre à bâbord », qu’un capitaine patibulaire hurlerait à ses hommes d’équipage prêt à en découdre, sur les mers agitées du Nord de la France. Mais souvent, la réalité historique rattrape l’imaginaire collectif.

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Le corsaire et la guerre de course…

Le corsaire n’est pas un flibustier sans foi ni loi et pas tout à fait ce mercenaire dont l’horizon ne se limiterait qu’à l’argent. Le corsaire est un marin d’expérience, servant les intérêts de la couronne à laquelle il est attachée par une lettre de marque qui constitue l’autorisation tangible, juridique et surtout royale, d’armer un navire de pêche ou de commerce et d’attaquer les navires adverses.

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Indirectement ce système révèle la faiblesse des états à pleinement assumer leur autorité en mer, souvent dépourvus d’une flotte de guerre, et encadre la distinction entre la course, autorisée et privée, et la piraterie, considérée comme un acte illégal. Les gens de mer constituent ainsi un foyer important pour la guerre de course. L’apprentissage rigoureux de ce difficile engagement, qui est bien plus qu’un simple métier, nécessite un embarquement dès l’âge de dix ans, en qualité de mousse. Ainsi commence l’histoire de Jacques Broquant (1771-1861).

L‘histoire de Jacques Broquant…

Né et demeurant à Boulogne-sur-Mer, il s’engage principalement sur des bâtiments de commerce, à partir de 1792. Parmi les braves ayant combattus, il est l’un des premiers à partir en guerre de course contre les anglais, sur la Manche.

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Ainsi, c’est en l’An V de la République que son aventure de corsaire débute, sur « Le Sauvage », commandé par le capitaine Pollet. En l’An VII, il est engagé sur l’Escamoteur, sous les ordres du capitaine Fourmentin. Enfin, consécration en l’An XII de la République, Jacques Broquant commande son propre navire armé pour la course, « Le Prospère ». La Paix d’Amiens rompue un an plus tôt laisse de nouveau le champ libre aux corsaires pour reprendre leurs opérations. Les traces de ces escarmouches en mer sont nombreuses. L’Amiral Bruix en fait mention dans ses lettres adressées à Napoléon et l’un des biographes de l’empereur, Constant Wairy, rapporte que les boulonnais et les soldats stationnés dans le vallon de Terlincthun assistent, depuis la côte, aux combats.

La prison et les pontons anglais…

Le 18 juillet 1804, Jacques Broquant est fait chevalier de la Légion d’honneur, à Paris, en qualité de capitaine corsaire, pour sa contribution aux opérations navales des guerres napoléoniennes. Toutefois, le vent tourne et le 10 décembre 1804, le capitaine Broquant est fait prisonnier lors d’un engagement entre son navire et la frégate anglaise « La Favorite ».

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Il est incarcéré à Chatham, dans le Kent, sur un de ces bateaux-prisons qu’on appelle pontons, où les prisonniers s’entassent dans la cale. Après dix-neuf tentatives d’évasion et sept années de détention, il finit par s’échapper avec deux autres détenus, Nicolas Fourmentin et Colin Delpierre, à bord d’un cutter. Avec le petit canot qu’ils en détachent, les évadés réussissent à traverser la mer et à atteindre la petite anse du Portel où ils y passent la nuit, avant d’embarquer à nouveau, courir contre les navires de la coalition.

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